Lettre 7 - Un Journal Franco-Germano-Anglais
Le Grand Projet des Proscrits
L'Europe des Exilés
Au début des années 1850, des capitales comme Londres et Bruxelles sont devenues les foyers de la résistance intellectuelle européenne. Suite à l'échec des révolutions de 1848 et au coup d'État en France, des centaines de proscrits s'y retrouvent. Français, Allemands, Italiens, Polonais : tous partagent une cause commune : la lutte contre les régimes autoritaires. C'est dans ce climat que naît le rêve d'unir leurs forces.
Une Tribune pour la Révolution
L'idée la plus ambitieuse qui émerge de ces cercles d'exilés est la création d'un grand journal international, une tribune commune pour la révolution européenne. Le projet consistait à lancer une publication trilingue, "franco-germano-anglaise", qui permettrait de coordonner l'opposition démocratique et socialiste à travers les frontières. Pour incarner ce projet spectaculaire, les regards se tournèrent vers les figures les plus emblématiques de l'exil :
- Pour la section allemande : Karl Marx.
- Pour la section anglaise : Un leader du mouvement chartiste.
- Pour la section française : Un trio de prestige composé de Pierre Leroux, Louis Blanc, et surtout, Victor Hugo.
L'Approche et la Réflexion de Hugo
C'est dans ce contexte que Louis Blanc, lui-même grande figure de l'exil, contacte Victor Hugo pour lui proposer de faire partie de l'aventure. Loin de refuser sèchement, la proposition fait réfléchir Hugo pendant plusieurs mois, comme en témoignent des discussions qui se poursuivent en janvier et février 1852. La question est complexe. D'un côté, l'attrait d'une telle tribune est immense. De l'autre, Hugo se méfie des comités et des lignes éditoriales collectives qui pourraient diluer son message. Son républicanisme humaniste et idéaliste est-il compatible avec le socialisme de ses potentiels collaborateurs ?
L'Échec d'une Alliance Idéologique
Finalement, le projet ne verra jamais le jour. On peut imaginer que sans la participation de la plus grande figure de l'exil français, l'initiative a perdu son pilier le plus visible et le plus prestigieux. Il est probable qu'aucun autre proscrit français, malgré leur nombre, ne possédait l'aura internationale de Hugo, seule capable de donner au journal l'envergure souhaitée.