
Lettre 6 - Affiches coup d’État
Le Décret du 2 Décembre 1851
L'Affiche qui a Renversé la République
Au matin du mardi 2 décembre 1851, les Parisiens découvrent, placardée sur les murs de la ville, une proclamation qui va changer le cours de l'Histoire. Tandis que les troupes militaires occupent les points névralgiques de la capitale et que les principaux opposants politiques sont arrêtés, la voix du nouveau pouvoir s'exprime directement sur des affiches. Imprimées durant la nuit à l'Imprimerie nationale, ces affiches sont l'acte de naissance du coup d'État de Louis-Napoléon Bonaparte.

Affiche 2 décembre 1851, coup d'État Louis-Napoléon Bonaparte
Source : Musée Carnavalet, Histoire de Paris, AFF3532
La Force Brute du Décret
Ce document, intitulé "LE PRÉSIDENT DE LA RÉPUBLIQUE DÉCRÈTE", est un acte de pure autorité. Son ton est sec, martial et sans appel. En six articles courts et tranchants, il ne discute pas, il ordonne. Il ne s'agit pas d'un dialogue avec la nation, mais d'une notification de la prise de pouvoir. Chaque article est un coup porté à la légalité républicaine.
Une Prise de Pouvoir
Le texte s'articule autour de six décrets décisifs :
- Art. 1. L'Assemblée nationale est dissoute. C'est la mesure centrale. Le cœur du pouvoir législatif est déclaré mort.
- Art. 2. Le Suffrage universel est rétabli. C'est le coup de génie politique de Bonaparte. Il abroge la loi restrictive du 31 mai 1850 pour se positionner en restaurateur de la démocratie.
- Art. 3. Le Peuple français est convoqué. L'annonce d'un plébiscite vise à donner une légitimité populaire à un acte illégal.
- Art. 4. L'état de siège est décrété. C'est le poing de fer qui accompagne la parole. Cette mesure place Paris sous contrôle militaire et étouffe toute tentative de résistance.
- Art. 5. Le Conseil d'État est dissous. Une autre institution républicaine est éliminée, consolidant le pouvoir entre les mains de l'exécutif.
- Art. 6. Le Ministre de l'Intérieur est chargé de l'exécution. Cette dernière ligne officialise la nouvelle chaîne de commandement, plaçant le demi-frère et complice de Bonaparte, De Morny, à la manœuvre.